Les Vétérinaires français se mobilisent pour des cirques sans animaux !

Une vingtaine de vétérinaires français demandent au Gouvernement une loi pour des cirques sans animaux

Le cirque oui mais sans les animaux. 

Une vingtaine de vétérinaires français se positionnent contre la présence des animaux sauvages dans les cirques et demandent au Gouvernement une loi pour des cirques sans animaux. Natacha Harry, Michel Baron ou encore Monique Bourdin expliquent en cas la captivité des animaux sauvages dans les structures itinérantes n'est en aucun cas compatible avec leurs besoins biologiques, physiologiques et physiques. 

Le Ministre François de Rugy a mis en place une commission interministérielle bien-être faune sauvage captive début d'année 2019. Cette commission se compose de 4 groupes de travail : cirque, zoo, delphinarium et fourrure. Code Animal participait aux groupes cirques et zoo. Aux côtés de 11 autres associations françaises, nous demandons au Gouvernement une interdiction immédiate de la reproduction et de toutes nouvelles acquisitions des animaux captifs des cirques. Nous souhaitons une transition vers des cirques sans animaux. 

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Un animal sauvage est un animal sauvage 

Les dispositions génétiques du comportement de l’animal sauvage (territorialité, instinct de chasse ou grégarité…) ne sont pas modifiées par l’apprivoisement. Les fauves de cirque gardent les mêmes motivations, besoins et instinct que leurs congénères sauvages en liberté. De ce fait, les animaux sauvages sont plus imprévisibles et stressés dans le contact avec l’être humain que les animaux domestiques (Price, 1999 ; Trut, 1999).
Nous en avons vu malheureusement les conséquences lors de la mort d'un dresseur italien, tué par ses fauves lors d'une répétition. 

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Le bien-être animal ? 

Il n’y a pas de définition unique du bien-être animal. Le bien-être est une combinaison complexe de plusieurs facteurs et le concept le plus partagé dans les communautés scientifiques est le suivant : la souffrance, la peine et la mort doivent être minimisés au maximum (Duncan 1993). Selon la loi les animaux sont des êtres vivants et sensibles. On parle de sentience c’est-à-dire la capacité pour les animaux de ressentir la souffrance. Ils ne réagissent pas aux stimuli mais y réfléchissent et adoptent une réponse en lien avec leur perception (Rogers 1994).
Le 16 février 2015, la loi relative à la modernisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures modifie de nouveau le code civil en qualifiant les animaux comme des êtres doués de sensibilité : Art. 515-14. – Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens.»

L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) donne une définition du bien-être animal qui fait aujourd’hui référence dans le domaine. Cette définition renvoie aux grands principes énoncés par le Farm Animal Welfare Council (FAWC) 1992, organisation britannique, connus sous le nom des 5 libertés fondamentales :
• Ne pas souffrir de faim et de soif – grâce au libre accès à de l’eau fraîche et à un régime alimentaire apte à entretenir pleine santé et vigueur ;
• Ne pas souffrir de contrainte physique – grâce à un environnement approprié, comportant des abris et des zones de repos confortables ;
• Être indemne de douleurs, de blessures et de maladies – grâce à la prévention ou au diagnostic et au traitement rapide ;
• Avoir la liberté d’exprimer des comportements normaux – grâce à un espace et à des équipements adéquats, et au contact avec des animaux de la même espèce ;
• Être protégé de la peur et de la détresse – Grâce à des conditions d’élevage et à un traitement évitant la souffrance mentale.

Les scientifiques ont ajouté deux autres libertés pour compléter la liste ci-dessus : Liberté de contrôler sa qualité de vie (Webster 1994) et être protéger contre l’ennui (Ryder 1998).

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Et dans les cirques ? 

De nombreux rapports ont été fait dans les pays d’Europe afin de légiférer sur le sujet. La vaste majorité des conclusions est sans appel : il ne peut y avoir bien-être animal dans les cirques itinérants. Position confirmée par la Fédération des Vétérinaires d’Europe en 2015 : THEREFORE RECOMMENDS: ALL EUROPEAN AND NATIONAL COMPETENT AUTHORITIES TO PROHIBIT THE USE OF WILD MAMMALS IN TRAVELLING CIRCUSES ACROSS EUROPE SINCE THERE IS BY NO MEANS THE POSSIBILITY THAT THEIR PHYSIOLOGICAL, MENTAL AND SOCIAL REQUIREMENTS CAN ADEQUATELY BE MET.
SUITABLE SUNSET PROVISIONS, RE-HOUSING OPPORTUNITIES AND IN SOME CASES AS LAST RESORT EUTHANASIA NEED TO BE WORKED OUT WITH THE CIRCUS OWNERS.

Cette position a été reprise par l’Ordre des Vétérinaires en France en 2017
L'ORDRE DES VETERINAIRES CONFIRME LA RECOMMANDATION AINSI PRISE PAR LA FVE DE PROMOUVOIR L'INTERDICTION DANS LES ETATS EUROPEENS DE L'USAGE DES MAMMIFERES SAUVAGES DANS LE CADRE DE CIRQUES ITINERANTS QUI NE PEUVENT SATISFAIRE AUX BESOINS PHYSIOLOGIQUES ET SOCIAUX DE CES ANIMAUX.

Même dans le milieu de l’entreprise sur la captivité animale, cette position ne fait pas débat. L’Association Européenne des Parcs Zoologiques et Aquarium reprend les mêmes conclusions :
IN VIEW OF THE ABOVE STATEMENTS IT IS PERCEIVED THAT IT IS NOT POSSIBLE FOR A CIRCUS TO ACHIEVE THE STANDARDS OF MEMBERSHIP OF THE ASSOCIATION AND SO NO CIRCUS CAN BE ACCEPTED AS A MEMBER, NEITHER CAN ANY ZOO OR AQUARIUM IN FINANCIAL OR MANAGERIAL PARTNERSHIP WITH A CIRCUS. ADDITIONALLY, MEMBERS THAT PERMIT CIRCUS-TYPE SHOWS TO BE CONSTRUCTED ON THEIR PREMISES LEAVE THEMSELVES OPEN TO SANCTIONS UP TO, AND INCLUDING, THE POSSIBILITY OF EXPULSION FROM THE ASSOCIATION.

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Les signes du mal-être : 

Confinement 
Les animaux dans les cirques passent 90% de leur temps confinés (Nevill & Friend, 2006). Les cages font souvent que quelques mètres carrés et ne permettre pas aux animaux de courir, voler ou se cacher. Ces habitats restreints entrainent des troubles graves du comportement par la frustration ou l’ennui.

Stéréotypies et troubles du comportement 
Les stéréotypies sont « des répétitions des mêmes actions, sans grande variation et sans fonction ni buts apparents » (ZecchiniA. 2002 et Mason GL 1991). Par ces mouvements répétitifs anormaux, l’animal tente de réduire le stress dû à cet environnement aversif qu’est la captivité. Présent chez un animal qui n’a pas la possibilité d’exprimer l’ensemble de son répertoire de comportements ce qui est la source connue d’un mal-être mental profond. Ces stéréotypies sont des marques de mal-être chroniques chez les animaux captifs (Hannier I. 1995) et peuvent représenter « le signe manifeste d’une souffrance chronique de l’animal et d’une diminution de son bien-être » (Wemelsfelder 1993). Elles sont une alerte lorsqu’elles occupent 5% du temps.

La séparation maternelle

Les petits sont retirés très jeunes à leur mère pour être imprégnés de la main de l’Homme, ils sont souvent élevés au biberon. Les raisons invoquées par les cirques ne sont pas honnêtes. Des études scientifiques ont pourtant prouvé que sur certaines espèces, le biberonnage des petits et la séparation avec la mère sont sources de stress et ont pour résultat un profond mal-être par la suite (Harris et al, 2006 - Nelson et al 2009 – Prescott et al 2012)

Relations sociales pauvres 
Dans les cirques, les groupes sociaux naturels ne sont pas respectés. Pour les animaux grégaires, les groupes constitués sont artificiels et plus petits que dans leur environnement naturel (Agoramoorthy and Hsu, 2005). Parfois même on retrouve des groupes d’espèces antinomiques comme des lions avec des tigres. Cela a des répercussions sur le bien-être des animaux et ne leur permet pas d’exprimer les comportements de leur répertoire naturel (Price and Stoinski, 2007).

L’itinérance répétée 
L’itinérance est une problématique majeure du bien-être animal : les animaux montrent davantage de troubles du comportement lorsqu’ils voyagent (Montes et al. 2004). Selon Nevill and Friend et leurs études sur les fauves en 2006, les mouvements déambulatoires des animaux étaient plus présents lorsque le cirque était en itinérance.

Le dressage et le spectacle
Aujourd’hui il existe des témoignages d’anciens dresseurs qui expliquent les manières dont ils ont réussi à soumettre les animaux devenus marionnettes.
- Dresseur d’ours Vladimir Deriabkine
- Samuel Dewitt Haddock Jr – dresseur Ringling Bros
Les dresseurs continuent d’utiliser les outils de dressage pour contraindre les animaux et exercer une domination par la crainte ou la contrainte. La réalisation de numéros contre-nature peut être une souffrance pour les animaux.

Blessures et soins
Selon le rapport de Code Animal, 80.4% des éléphants dans les cirques seraient atteint par des problèmes de pied, ce qui causeraient 50% des décès chez ces animaux en captivité (Miller et al, 2016).
La nourriture et l’espace sont souvent inadaptés ce qui n’est pas conforme aux besoins et donc entraine un mal-être chez l’animal : frustration, carences, etc. Le nombre de naissances n’est en aucun cas un gage de bien-être animal. Pour certaines espèces comme les fauves ou macaques c’est tout le contraire.

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Aujourd’hui, la France est à la traine !

Avec une forte évolution des mentalités ces dernières années sur la captivité des animaux dans les cirques, la détention et la présentation des animaux sous les chapiteaux sont désormais massivement rejetées. 

Depuis, une vingtaine de pays en Europe, plus de 300 villes de France, les professionnels des animaux se sont positionnés officiellement contre la présence des animaux dans les cirques. Des grands cirques sont maintenant en liquidation judiciaire ou ont arrêté leur tournée : Pinder, Bouglione, Arlette Gruss. La raison invoquée est la baisse de fréquentation du public.

Notre association est experte sur les questions de la captivité des animaux sauvages pour les divertissements en France (zoo, NACs, cirque). Nos campagnes cirque ont pour objectifs de mettre en place une législation nationale vers une transition pour un cirque sans animaux. Nous encourageons les villes à se positionner et avons écrit le rapport de référence sur cette question grâce à nos enquêtes et analyses scientifiques en collaboration avec des professionnels des animaux comme Julie Lasne éthologue.

 Aller plus loin / références :

Rapport de Code Animal – Derrière les Paillettes, le stress / Franck Schrafstetter, Céline Paterre, Julie Lasne 

Rapport - A review of the Welfare of wild animals in circuses - S.Harris, G. Iossa 

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Publié le: 
15/07/2019