Ce qu'on ne vous dit pas

Les explications d'un ancien dresseur et les arguments des partisans des cirques avec animaux.

La cruauté naît avec le dresseur

Confession du dresseur d'ours Vladimir Deriabkine

Vladimir Deriabkine faisait danser le twist à ses ours. Sur la piste, les animaux étaient touchants d’humanité. Mais cette complicité entre l’homme et l’animal était le résultat d’une très grande violence. Dix ans après avoir quitté le cirque, il raconte ce dont aucun professionnel ne parle jamais : la barbarie du dressage.

Savez-vous comment on arrive à faire danser le twist à un ours ?

C’est Mikhaïl Simonov, le grand dresseur, qui me l’a appris. «Il vous faut deux bâtons hérissés de pointes. On les place à la hauteur des cuisses de l’ours et on le pique alternativement d’un côté, puis de l’autre. En même temps, on lui donne à manger. Le dressage qui vise à obtenir des attitudes d’imitation de l’homme est plus doux, il ne comporte pas d’exercices physiques difficiles, ce qui, du coup, ne nécessite pas de violence. Mais essayez de faire tenir un ours suspendu en croix à des anneaux de gymnastique ! Pourtant, c’est un tour qui existe. » «Je voudrais tellement, sans mourir, mourir ! Je suis las de me battre sur le ring de la piste, Moi, l’ours roué de coups par son dresseur. Chaque jour, je cherche comment frapper à mon tour. » Ces vers, le dresseur Vladimir Deriabkine les a écrits en 1982, à Oussourisk. Aujourd’hui directeur du premier musée privé russe du Phonographe et du Gramophone, dont il est aussi le créateur, il est devenu poète, écrivain, et il interprète les chansons qu’il compose. Mais, à une époque, il avait dix ours. Les numéros qu’il présentait étaient à mi-chemin entre le cirque et le théâtre. Il faisait tenir à ses ours des rôles de barman, de garagiste, de marin, de cosmonaute, d’amoureux, d’explorateur. Pendant la représentation, ils devenaient presque humains. C’est cela qui faisait le charme de ses saynètes. Aucun de ses ours n’a survécu. Depuis dix ans, Deriabkine n’a plus mis les pieds sur une piste. Il a abandonné le dressage. Pourquoi ? «Parce que c’est une activité barbare. Les dresseurs ont toujours caché les dessous de leur profession aux spectateurs. Moi, je vais vous raconter ce que personne ne dira jamais.»Connaître la vérité sur les pratiques de dressage ne peut que détourner les spectateurs des numéros de cirque.

Pourquoi avez-vous décidé de parler ?

J’ai aimé mon métier, et je lui reste reconnaissant, en dépit de tout. Mon seul regret a longtemps été de ne pas avoir obtenu, à l’époque, la distinction d’artiste émérite, en tant que clown. Mais, aujourd’hui, je me rends compte qu’on ne peut pas être décoré pour un travail de dressage. Une "médaille de la cruauté", ce n’est pas envisageable.

Mais vos saynètes du théâtre des Ours ont laissé aux spectateurs le sentiment de quelque chose de touchant, de lumineux. Elles plaisaient beaucoup.

Bien sûr ! La cruauté ne s’exerçait pas sur la piste, mais en coulisse. Je présentais, entre autres, un numéro qui soulevait toujours un tonnerre d’applaudissements : l’un des ours tombait à genoux devant Liouda, ma partenaire, en serrant entre ses pattes un coeur en papier mâché. Vu des gradins, l’effet était spectaculaire et émouvant. Mais, pendant les répétitions, c’était autre chose. J’ai vu tuer un ours qui refusait d’exécuter un numéro. Les nerfs du dresseur lâchent, il explose et il frappe. Il y a une image que je n’oublierai jamais, celle des bottes d’un dresseur maculées du sang d’un ours, tellement il s’était acharné sur la pauvre bête. Et cela ne se limitait pas aux répétitions, cela pouvait arriver aussi devant les spectateurs. Un jour, un célèbre dresseur, pendant une représentation dans une petite ville de la Volga, a tellement frappé une panthère qu’elle est tombée contre la grille, saisie de convulsions. Moi-même, j’ai estropié un ours sans le vouloir, moi, Vladimir Deriabkine ! Je me suis énervé, je l’ai frappé, et cela lui a causé une blessure à l’oeil. Cela me hante encore. Pourtant, les dresseurs assurent qu’il existe entre leurs animaux et eux des relations particulières, presque des liens familiaux. Un dompteur de Saint-Pétersbourg m’a dit que ses ours, c’étaient ses enfants, qu’il les plaignait et les éduquait. Ses enfants, tu parles ! On gagnait simplement de l’argent sur le dos de ces enfants-là. On mangeait bien, on s’habillait luxueusement, on dormait dans des draps propres pendant qu’eux étaient dans des cages. Et, aujourd’hui encore, en Russie, les ours sont traités comme des criminels, ils voyagent dans des cages toujours aussi exiguës, immondes. Parce que, pour un dresseur, les animaux ne sont que des accessoires vivants. Je me souviens d’un numéro qui s’appelait "Les mains entrelacées" : un éléphant tendait sa patte, un tigre posait sa patte dessus et, pour finir, le dresseur lui-même mettait sa main. C’était une sorte de vision symbolique de l’amitié entre l’animal et le dompteur. En fait, derrière cette image poétique, il n’y a que de la violence. Essayez donc de faire se serrer la main à des ennemis jurés ; ils n’accepteront que si vous les menacez de mort. Ils vont obtempérer. Mais, dès que vous ôterez la menace, ils se sauteront à la gorge. Sur la piste, on peut s’approcher du lion, lui tapoter la crinière et même lui plaquer un baiser sur la gueule, mais, en coulisse, on a un bâton. Vous avez sans doute remarqué que tous les dresseurs d’éléphants, pendant les représentations, ont à la main une cravache de cuir ornée d’une fleur au bout. Le dresseur s’approche de l’animal, fait un geste gracieux de la main et l’éléphant, comme s’il obéissait à la fleur, se dirige gentiment vers l’endroit qu’on lui indique. Mais aucun des spectateurs ne sait que la magnifique rose cache en fait un crochet acéré, qui viendra se planter dans l’oreille de l’éléphant au moindre signe de désobéissance. C’est ainsi dans tous les cirques du monde. Un célèbre dompteur russe racontait un jour à la télévision la touchante histoire de cette tigresse prétendument morte de chagrin pour avoir été séparée de son maître. Peu après son départ, elle s’était allongée, elle restait immobile, refusait de manger. Alerté, le maître est rentré d’urgence. En le voyant, la bête s’est levée péniblement, et, dans un dernier souffle, a léché sa main à travers les barreaux de sa cage avant de mourir. Pour moi, elle est morte non pas de chagrin, mais d’une crise cardiaque. A son départ, elle avait rêvé de ne plus le voir revenir pour ne plus subir ses coups. Le choc de le retrouver si tôt lui a été fatal. Les dompteurs suggèrent aux spectateurs que les animaux de cirque sont eux aussi des artistes. Après leurs numéros, ils les font saluer et on les applaudit. Ce salut de l’animal est lui aussi obtenu sous la contrainte, c’est une immense humiliation et une escroquerie : un homme vous bat et vous devez lui embrasser les pieds. Naturellement, les animaux de cirque sont des artistes. Mais on ne leur demande pas leur avis ! Vous vous souvenez de ce numéro où des colombes viennent se poser sur le canon d’un fusil tenu par leur dresseur ? Il tire, mais le coup de feu n’effraie pas les colombes, elles ne bougent pas et restent tranquillement perchées. Si vous attachez des colombes normales à un fusil et que vous tirez, que se passe-t-il ? Elles meurent de peur. Alors, quel était le truc ? Une accoutumance progressive. On tirait près des colombes, on les assourdissait jusqu’à ce qu’elles s’habituent. Ou qu’elles deviennent sourdes. Moi aussi je présentais un numéro avec des colombes qui venaient se poser sur la tête d’un ours, directement sur la fourrure, sans protection, et l’ours ne les chassait pas. Les spectateurs applaudissaient. Mais le pauvre ours ne pensait qu’à une chose : comment attraper ces sales piafs. Or il savait que, s’il en effleurait ne serait-ce qu’un, il se ferait tabasser en coulisse. Voilà, c’est ça la "poésie" du spectacle. Et pour faire danser un ours ? Ça amuse les enfants, ça les ravit, mais personne ne connaît la cruauté de ce numéro. C’est comme faire bondir un tigre sur le dos d’un éléphant. Pour ces numéros-là, on fabrique des caparaçons spéciaux, en cuir, recouverts de piquants au niveau du cou de l’éléphant, pour que le tigre n’enfonce pas ses griffes.

Quand avez-vous décidé d’abandonner le dressage ?

Lors d’une tournée en Nouvelle-Zélande. Pendant une répétition, un ourson s’est jeté dans mes jambes, et j’ai réagi par un coup de poing. Je n’ai pas frappé fort, parce qu’il était tout petit, mais ç’a suffi pour l’envoyer rouler au loin. J’ai alors remarqué que, de la salle, un inconnu m’observait. Il a hoché la tête, l’air sombre. En fait, c’était un membre de Greenpeace. Dès le lendemain, notre cirque a eu droit à une volée de bois vert ! La police nous a tous interrogés, un par un. Une autre fois, quand un dresseur a laissé dormir ses chiens dehors sous la pluie, notre imprésario a dû prendre l’avion pour être présent aux procès qui ont suivi. J’ai eu une autre occasion de comprendre toute l’iniquité du dressage en observant nos cavaliers en tournée. L’un de leurs chevaux avait une blessure à la jambe. Il avait du mal à avancer et boitait bas. Et, pourtant, ils exécutaient leurs numéros sur son dos, sur ce cheval qui souffrait ! Ils l’éperonnaient plus fort et le faisaient galoper pour que l’on ne remarque pas qu’il boitait. Ensuite, ils le cachaient dans son box, puis le refaisaient tourner en piste. Ils ne le ménageaient pas de toute façon, après une blessure, les chevaux sont mis au rancart.

C’est ce qui est arrivé à vos ours ?

Lorsque j’ai décidé de quitter le métier, il me restait six ours. Or des ours, les cirques et les zoos en ont à revendre. Il n’y avait pas de solution. Un matin, de bonne heure, mes assistants les ont emportés. Le lendemain, mes ours étaient morts. Et c’étaient des artistes, que l’on applaudissait, qui apportaient beaucoup de plaisir aux spectateurs ! Ils sont tous condamnés à finir comme ça.

Est-il vrai que, parmi ses animaux, le dresseur est comparable à un chef de meute ?

Il n’est chef que tant qu’il a une cravache à la main. La seule loi est celle de la peur. J’ai toutefois entendu dire que Nikolaï Pavlenko, le dompteur, lui, n’utilisait jamais de cravache.

Quelles punitions emploie-t-on, hormis les coups ?

La faim. On prive l’animal de nourriture pendant deux ou trois jours, jusqu’à ce qu’il fasse ce qu’on lui demande. Après la représentation, quand les dresseurs amènent leurs animaux sur la piste afin de saluer les spectateurs et qu’ils les font poser pour ceux qui veulent les prendre en photo, tout paraît si paisible ! Ce genre d’idylle peut très mal se terminer. Mettre un singe dans les bras d’un spectateur ! Un toutou, si on veut, ou un hérisson ! Mais comment savoir ce qui peut se passer dans la tête d’un singe ? Le dresseur est quand même à côté, au cas où. Et alors ? Il a passé un contrat avec l’animal ? C’est une bête sauvage, avec des crocs et des griffes. Au delphinarium, un dresseur propose aux enfants de nager à côté d’une otarie. Et il les incite même, pour que ce soit plus impressionnant, à poser la main sur son museau. Et si ça tourne mal ? Qui va payer l’hôpital ? Le dresseur met les enfants en danger, en connaissance de cause, pour gagner de l’argent, et il en est forcément conscient.

Existe-t-il de gentils dresseurs ?

Et des gardiens de prison, des bourreaux gentils, vous en connaissez ? Il faut être clair : la cruauté naît avec le dresseur. Dès que l’on prend un ourson, qu’on le met dans une cage et qu’on le fait se produire en piste, c’est une catastrophe pour l’animal. Et pour l’homme aussi, s’il a un coeur.

Donc, un animal de cirque n’a aucune chance de pouvoir par la suite entamer une autre vie ?

La seule chance qu’il peut avoir, c’est de régler ses comptes avec son dresseur avant de mourir. Et celui-ci le sait. A la différence du tigre, du lion ou du léopard, qui ont besoin de quelques secondes pour se préparer à bondir, l’ours se jette sur vous sans prévenir. Il fonce la tête la première dans vos jambes, vous fauche d’un coup de patte, vous renverse. Toute sa vie, il attend patiemment son heure et, lorsque celle-ci arrive, il n’y a plus rien à faire.

Et si cela se produit en pleine représentation ?

Tout le monde sait qu’un dresseur qui punit un animal en piste perd aussitôt la sympathie des spectateurs. Surtout si cela arrive pendant une scène où l’ours joue un rôle. Mais, s’il attaque, je dois lui porter un coup, sans cela, il recommencera demain ou après-demain. C’est lui ou moi. Forcément. J’ai aimé mes ours, mais eux ne m’aimaient pas. Nous vivions dans une défiance permanente. Je ne leur ai jamais fait confiance, pas une seule seconde. C’est grâce à cela que j’ai quitté le monde du cirque sans une égratignure. Voilà ce qui s’est passé avec le dernier ours de Deriabkine. Un soir, il a finalement décidé de "régler ses comptes". C’était dans une cave où Volodia, le fils du dompteur, âgé de 20 ans, élevait Frol, un ours adulte. Ils devaient partir en tournée un peu plus tard. Ce soir-là, Liouda, l’épouse de Deriabkine, entra dans la cave. Elle avait aussi été sa partenaire, c’est à elle qu’un ours offrait un coeur de papier mâché. Frol, 7 ans, s’est soudain jeté sur elle et l’a renversée. Son fils a juste eu le temps de la sortir de là et d’éviter un drame. La belle Liouda est rentrée chez elle en sang. Au matin, deux coups de feu ont retenti dans la cave. "Je ne pensais pas que je finirais ma carrière de cette façon, a commenté Deriabkine. Un ours sur dix parvient vraiment à régler ses comptes. Frol a commis l’erreur d’attaquer d’abord une femme. S’il s’était jeté sur notre fils, Liouda n’aurait rien pu faire. Dieu les a sauvés."

Interview réalisée par Vladimir Kojemiakine
Publié dans Courrier International n°641 du 13 /02/2003

Arguments des partisans de la présence animale dans les cirques

En réponse aux campagnes pour une évolution du cirque traditionnel vers un cirque sans animaux, les cirques ont répondu avec des 'arguments' pour le moins étranges.

La négation

Nier l'existence des cages
Michel Louis, fondateur du zoo d'Amnéville affirme ainsi dans un rapport (1) qui a été largement diffusé auprès de décideurs politiques: "Voici 10 ans, que les animaux ne sont plus cantonnés dans des voitures-cages, qui pouvaient être divisées en plusieurs compartiments pour le nettoyage et la distribution de nourriture". "L"aller et retour piste voiture - cage n'a plus cours aujourd'hui. Les cirques développent, devant les camions, des enclos munis de troncs d'arbres et tablettes surélevées, parfois même d'un bassin comme au zoo".

francobelgefauves09_militants.jpgPour appuyer ces affirmations totalement mensongères, Mr Louis s'appuie sur une législation inexistante : "cette extension de l'espace vital des animaux détenus au cirque est aujourd'hui une obligation légale" (aucune référence légale et pour cause le seul arrêté qui a ce jour pourrait aller dans ce sens - arrêté de 1978 - ne pose aucune contrainte de la sorte).

Quant aux cages extérieures, elles sont rares. Les professionnels du cirque s'opposent même à la détention des éléphants dans des enclos sous prétexte de sécurité, préférant la bonne vieille méthode des chaînes aux pieds.

fratellini_A_3elph_2006.jpgNier les troubles du comportement
Lionel Bastian dans sa thèse (2) affirme : "Un rapport d'une commission regroupant professionnels du cirque et associations de protection animale en Grande-Bretagne a permis d'établir que, bien qu'ils soient davantage confinés qu'à l'état sauvage, les animaux ne subissent pas de troubles du comportement".

Cette parade a pour intérêt de ne pas entrer dans le débat quant à la signification de ces troubles, les scientifiques s'accordant à les voir comme une "non adaptation" de l'animal à la captivité. (cf le témoignage du Dr Marie-Claude Bomsel).

Nier l'évidence (observable par n'importe qui) est pour le moins malhonnête.

Diffamer, discréditer

Afin d'accorder crédit à leurs négations, des cirques n'hésitent pas à accuser Code animal de truquer ses images et même d'avoir intenté des procès pour diffamation à son encontre (ce qui, si nous le faisions serait tout à fait légitime !). Or à ce jour bien entendu aucun recours de ce type n'a été intenté.

Masquer nos arguments par d'autres
Une autre approche vise à prêter aux défenseurs des animaux des arguments qui ne sont pas les leurs (masquant ainsi nos réels arguments).

On trouve sur divers sites l'argument selon lequel les associations voudraient libérer les animaux des cirques pour les relacher dans la nature ! (ce qui est impossible bien entendu) ou encore que l'on prétend que tous les animaux des cirques ont été prélevés dans la nature (alors que l'on sait bien qu'à l'exception des certains éléphants, les animaux sont nés en captivité - ce qui ne les empêche pas de ne pas s'y adapter, leurs besoins physiologiques restant les mêmes qu'un animal né à l'état naturel).

Illusionnisme

Changer le vocabulaire
Le domptage et le dressage deviennent "éducation" et même "thérapie" (1) ! Ce dernier terme est d'ailleurs en soi une reconnaissance de la souffrance et des problèmes de santé des animaux dans les cirques.

Physiquement possible vs contre-nature
Bruno Kupfer dans le rapport (1) déclare "Il n'y a plus de dressage. Cela fait belle lurette que cela n'existe plus dans le sens où on l'entendait auparavant. Maintenant, on peut appeler cela de l'éducation. Les méthodes actuelles ne posent pas de problème à condition de demander à l'animal ce qu'il est apte à faire. A l'évidence il ne faut plus élaborer de numéros contre-nature. "

Ainsi les grands cirques s'accordent sur ce point , mais lorsqu'il s'agit de définir ce qu'on appelle "contre-nature", la désillusion est rapide. Ainsi obliger un éléphant à s'asseoir ou à faire le poirier ou encore un félin à sauter dans un cercle de feu n'est pas considérer par les dompteurs comme contre-nature du faite quel'animal peut physiquement le faire...

Pour notre part, nous dénonçons ces mouvements qui sont stressants et portent atteinte à la santé de l'animal.

Jouer avec les mots
Les personnes du cirque vous l'affirment "ils aiment leurs animaux !" mais ils ne vous disent pas qu'ils ne respectent pas les besoins physiologiques des espèces qu'ils détiennent ...

Se poser en sauveur
Certains ont été jusqu'à affirmer, à l'instar des zoos, du rôle de conservation et de sauvegarde des espèces dans ces établissements...

Victimisation

Indignation sélective
Les cirques se posent en victime accusant les défenseurs des animaux d'exiger "la suppression des animaux de cirque mais trouvant naturelle la présence de canaris dans une cage minuscule, de poissons rouges dans un bocal, de chien de compagnie enfermé dans un appartement, ou de requins dans un parc océanographique, etc, etc…"(3)

C'est bien entendu, preuve de la méconnaissance par les cirques du travail des associations qui agissent contre toute forme de maltraitance des animaux, même si par période il est vrai que certaines campagnes sont moins médiatiques.

Mélange des genres
D'autres circophiles se sont risqués à nous discréditer en tentant de faire croire que notre association était un groupuscule d'extrême droite, prenant pour prétexte les animaux afin de s'en prendre aux gens du voyage... (no comment).

En guise de conclusion

Nous regrettons que les cirques ne s'ouvrent pas à une évolution de leur art, qui nous le rapellons était à l'origine exempt d'animaux sauvages. Nombres de passionnés et artistes de cirque nous ont témoigné leurs soutiens et leur crainte face à ces blocages provenant de leur propre milieu. Espérons donc qu'un cirque traditionnel, vivant et exempt de toute exploitation animale naisse dans les années à venir permettant ainsi aux millions de personnes qui ont désertés les cirque animaliers de venir rêver les yeux ouverts face aux véritables artistes que sont les acrobates, les jongleurs, les clowns, les équilibristes...

(1) Grandeur et défense des animaux aux cirques - Hors série "Le cirque dans l'Univers", 2008
(2) "Les Mammifères non domestiques dans les cirques en France : pour ou contre leur utilisation. Législation nécessaire au débat." Thèse de Lionel Bastian - Ecole Vétérinaire Alfort - 2008 (onglet suivant).
(3) Site du cirque Pinder.

Analyse et commentaire d'une thèse sur les animaux dans les cirques

"Les Mammifères non domestiques dans les cirques en France : pour ou contre leur utilisation. Législation nécessaire au débat." Thèse de Lionel Bastian - Ecole Vétérinaire Alfort, 2008.

L'intégralité ce rapport vantant la présence des animaux dans les cirques est disponible sur le site de l'Ecole Vétérinaire Alfort. Florilège de cette thèse dont la méthodologie est assez particulière entre "négation" , "omission" et "raccourcis"

Elle se base sur une estimation d'une "quarantaine de cirques (fixes ou mobiles) présents en France". Cette base à l'intérêt de nous montrer de suite que le rédacteur de cette thèse ne connaît pas les cirques français ou n'en a qu'une vision partielle. L'estimation actuelle du nombre de cirques fluctuant entre 135 et 180 établissements.

Des voix s'élèvent aujourd'hui pour revendiquer l'interdiction de tout animal sur la piste par différents moyens de communication (sites Internet, marketing direct à destination des élus, manifestations aux portes des cirques avec parfois des informations truquées ou erronées et interprétations anthropomorphiques).

De facto, et avant même toute analyse, il est avancé l'accusation de "manipulation" et d'"anthropomorphisme" de la part des associations. (la thèse est visiblement militante).

  1. Les informations truquées peuvent être passible des tribunaux. Aussi, nous avons toujours invité ceux qui l'affirment à porter plainte contre notre association. Aucune plainte à ce jour ne nous est parvenue, car aucune manipulation n'est effectuée.
  2. L’anthropomorphisme est l'attribution de caractéristiques comportementales ou morphologiques humaines à d'autres formes de vie, à des objets, voire à des idées.

Notre approche se base sur l'étude des impératifs biologiques de l'animal, avec l'avis d'experts en la matière. Reproches particulièrement étonnants de la part d'un partisan de ce cirque qui affuble les animaux de costumes ou de postures humaines... (A lire le texte du Dr en philosophie Pierre -Yves Bourdil.)

Plus que de mettre en avant la « férocité » de l'animal ou le courage du dompteur, on montre actuellement la beauté et les capacités physiques et la complicité avec son dresseur voire « éducateur » (...) d'inciter l'animal à exécuter, en complicité avec son dresseur, des exercices en rapport avec ses capacités naturelles.

Le dressage a sans doute effectivement évolué ces dernières années. La violence gratuite tend probablement à reculer suite à la présence de plus en plus importante des associations, de la DSV ou de l'ONC.

Pour autant, l'auteur nous parle d'exercices en rapport avec les capacités naturelles de l'animal, c'est méconnaître la majeure partie des numéros imposés actuellement.

  • Faire sauter un félin dans un cercle de feu (qu'il craint).
  • Faire asseoir un éléphant
  • Lui faire faire le poirier
  • Des chimpanzés et babouins affublés d'accessoires et costumes.
  • Des ours sur mobylettes...

Si l'animal peut physiquement faire les exercices ci-dessus, il ne peut néanmoins les faire "naturellement". Ils lui sont imposés par la coercition parce qu'impliquant une forme de contrainte ou de douleur pouvant aller jusqu'à des pathologies ou des dérangements moteurs. La complicité se heurte à ces capacités naturelles qui sont souvent contrariées. (A lire "Un dressage coercitif et contre-nature".)

La conscience commune tend à affirmer : « les animaux ne subissent plus de mauvais traitements dans les cirques ; ce qui me choque, c'est qu'ils vivent dans des camions ou des cages ». Notre conception du bien-être animal, quand elle devient anthropomorphique, fausse le jugement. Chez un grand félin, le « bonheur » consiste à pouvoir vivre, manger, se reproduire et à avoir des interactions sociales. Nos notions philosophiques de liberté leur sont étrangères. La vie du cirque correspond au rythme biologique naturel des grands félins : les périodes passées à exécuter leur numéro de une à trois fois par jour) correspondent à leur temps d'activité dans la nature (recherche des proies, chasse).

L'anthropomorphisme reste l'arme favorite des cirques qui ne cessent d'humaniser l'animal. Toutefois, sur le fond, nous partageons l'avis de l'auteur sur la nécessité d'être très vigilant quant à notre regard humain. C'est pour cela que Code animal se réfère à l'étude du comportement animal pour argumenter ses dires.

En utilisant les grands félins, l'auteur omet (volontairement ?) les autres animaux et notamment les éléphants qui sont privés de ces interactions sociales ou les ours que l'on prive de leur rythme biologique (hibernation).

Répondons toutefois sur les grands félins. L'auteur nous affirme que "le "bonheur" consiste à pouvoir vivre (qu'entend t-il par vivre ?), manger, se reproduire et avoir des interactions sociales". C'est oublier que la constitution d'un groupe social est très organisée. Le témoignage du Dr Bomsel nous éclaire sur ce point : " Un fauve aime à marquer certains endroits, il a ses poses, ses odeurs, ses repères. C'est impossible, vous avez la continuité des cages, l'un urine, l'autre urine à côté, immédiatement ils sont partis dans une frénésie complète".

C'est oublier que le tigre est un animal solitaire que l'on contraint à une vie de contact.

C'est oublier que ces animaux ont besoin d'une distance de fuite afin de pouvoir se cacher.

C'est encore oublier ces numéros (tels que chez Pinder) mélangeant des tigres et des lions, deux espèces qui ne cohabitent pas.

Dans de nombreux cirques, la reproduction, bon indice d'adaptation d'une espèce dans un environnement, donne d'excellents résultats. La longévité d'un animal dans un environnement est un marqueur fort du bien-être animal : le tigre Atyr présenté pour la première fois en 1819 par le dompteur Henri Martin est mort à l'âge de 21 ans, Zeila, rhinocéros blanc femelle, morte à 43 ans au cirque Knie après 40 ans de spectacles (de 1966 à 2006).

Le tigre a effectivement une longévité de 15 à 18 ans, alors que le rhinocéros peut vivre jusqu'à 45 ans. On peut également citer en contre exemple la mort en 2003 de l'éléphante Wurza (cirque Arlette Grüss) à l'âge de 25 ans et de Tatcha (cirque Maximum) en 2006 à l'âge de 23 ans pour une longévité naturelle de 60 à 65 ans.

L'auteur confond naissance et reproduction. La reproduction implique autant ou plus de naissances que de décès afin de péréniser une espèce. Pour les éléphants par exemple : "La fertilité est assez faible en captivité et les naissances sont plus rares. Une éléphante donnera naissance à six petits dans la nature contre un seulement en captivité. Ce problème du cycle de reproduction peut trouver son origine dans le surpoids, le stress et l’absence d’un groupe social stable"(1).

Il est vrai, que les tigres lions, babouins et macaques sont des espèces qui se reproduisent bien en captivité. C'est un indice, au même titre que l'absence de reproduction. L'auteur semble omettre les autres indices (troubles du comportement notamment), sans évoquer ce qui est surprenant les problèmes de consanguinité pourtant très important dans les cirques.

Les cirques développent, devant les camions, des enclos munis de troncs d'arbre parfois même un bassin, comme au zoo. La qualité de la présentation prévaut désormais sur le nombre.

Seuls 4 cirques sur plus de 150, installent de temps en temps un enclos extérieur et ce sans aucun bassin.

En octobre 2004, le cirque Pinder se vantait de posséder la plus grande fauverie intinérante avec 40 félins dont 25 tigres... (nombre ou qualité ?)

La présentation de l'auteur est peut-être futuriste, mais elle ne représente en rien la réalité. Pour cela il suffit de se ballader dans notre section "cirques" ou d'aller dans une ménagerie.

Les animaux présentés actuellement dans les cirques en France sont tous nés et élevés en captivité.

Affirmation omettant les animaux provenant des zoos étrangers, ainsi que les éléphants (Betty, Kenya, Indra...) qui ont été capturés en Thaïlande ou au Zimbabwe.

Le retour à la nature serait dangereux tant pour l'être humain que pour l'animal «affranchi». Ce dernier serait incapable de chasser, d'identifier des dangers qu'il ne connaît pas. Ayant vécu avec et connaissant l'être humain, l'animal n'a plus peur de celui-ci et ne sera pas inhibé à l'attaque.

Nous sommes d'accord ! Il nous est souvent opposé cette argument alors que nous n'avons jamais demandé la libération des animaux dans leur milieu naturel, mais bien une extinction progressive des animaux dans les cirques et un placement dans des sanctuaires (à l'instar de Simba, Aldo, Tonga...)

Un rapport d'une commission regroupant professionnels du cirque et associations de protection animale en Grande-Bretagne a permis d'établir que, bien qu'ils soient davantage confinés qu'à l'état sauvage, les animaux ne subissent pas de troubles du comportement.

L'auteur nie tout simplement ce que les citoyens peuvent constater dans n'importe quel cirque (même les plus grands): les troubles du comportement, tels que les mouvements stéréotypiques (balancement, va et vient...) "preuve de l'existence d'une souffrance chronique(2)".

Ces troubles du comportement sont visibles pour qui a des yeux.

Cette thèse est surprenante à plus d'un titre.

  • L'auteur s'attaque dès l'introduction aux associations (dont Code animal) défendant et argumentant en faveur d'une évolution des cirques traditionnels vers des cirques sans animaux, en avançant des arguments qui ne sont pas les nôtres : anthropomorphisme, réintroduction dans la nature...
  • L'auteur n'aborde aucune des problématiques avancées par les associations : dressage contre-nature, impératifs biologiques, trouble du comportement ... ce qui est tout de même regrettable pour une thèse vétérinaire.
  • Il nie l'existence même d'un dressage contre-nature et des troubles du comportement, malgré les photos, vidéos ou faits visibles par tous.
  • L'auteur semble ne pas connaître le monde du cirque en oubliant l'existence de plus d'une centaine d'établissement et en omettant d'ouvrir son analyse à toutes les espèces présentes : éléphants, ours, chimpanzés...

L'approche juridique (basée sur une compilation de textes) vise à montrer que la présence des animaux dans les cirques est déjà suffisamment encadrée. Effectivement si les textes (et notamment l'Art.L.214.1 du code rural) étaient appliqués la situation évoluerait rapidement . Mais l'auteur, en niant la problématique des animaux dans les cirques tend par cette thèse à péréniser cette activité en s'assurant qu'aucun nouveau texte ne vienne la contrarier.

(1) Les animaux dans les cirques (Pdf) - Franck Schrafstetter / One voice (2004)
(2) WEMELSFELDER, F., “The concept of animal boredom and its relationship to stereotyped behaviour” in : Lawrence, A.B. & Rushen, J. (Éds). Stereotypic Animal Behaviour. Fundamentals and Applications to Welfare. CAB International, U. K.,1993. Images filmés dans la ménagerie du cirque Arlette Grüss en septembre 2005.