Nouveau sursis pour les éléphants du zoo de la tête d'or à Lyon

Code animal salue la décision du cirque Pinder et de la ville de Lyon de soigner ces animaux.
Éléphant du zoo de la tête d'Or à Lyon

Suite au désaccord public entre les autorités de la Municipalité de Lyon et la Direction du cirque Pinder concernant le devenir des éléphantes Baby et Népal, l’association Code animal, ayant pour but d’établir une nouvelle relation entre l’homme et l’animal, plus particulièrement au travers de la captivité, salue la décision prise par le cirque Pinder et la ville de Lyon de tenter une guérison de ces animaux.

Les éléphantes appartiennent au cirque Pinder, mais Baby et Népal, ne se sont jamais bien intégrées au spectacle. En 1999, la Municipalité de Lyon souhaitait agrandir le cheptel d’éléphants du zoo du Parc de la Tête d’Or, les éléphantes ont donc été mises en pension au zoo de Lyon suite à une convention passée courant 2000 entre le cirque et la ville, accord tacitement reconductible chaque année.

En 2011, le Directeur du zoo, Dr David Gomis, a fait passer le test de dépistage de la tuberculose, non obligatoire et considéré encore comme peu fiable, à deux des trois éléphantes du zoo (la troisième nommée Java, qui n’appartient pas au cirque Pinder, a refusé de se prêter au test). Selon le Dr Gomis, Baby et Népal sont positives au test, sans avoir pour l’instant déclaré la maladie. La Municipalité de Lyon a donc demandé à Mr Gilbert Eldestein, P.D.G du cirque Pinder de reprendre ses éléphantes, sinon elle menace de faire procéder à leur euthanasie. Le Directeur du cirque a déclaré ne vouloir reprendre les éléphantes que si elles sont soignées, arguant qu’elles ont été confiées au zoo en bonne santé.

La présence de l’éléphante Java, plus vieille éléphante d’Europe et donc susceptible de mourir dans un futur proche, pose sans doute moins de problème que celles de ces deux congénères qui sont plus jeunes. L’association Code animal s’interroge donc sur ce dépistage de la tuberculose non obligatoire, tardif et troublant sur Baby et Népal. Et s’interroge de savoir si Java est aussi porteuse, car s’il y a danger au point d’euthanasier Baby et Népal on se demande pourquoi Java n’est pas aussi dépistée. Son grand âge et sa mauvaise humeur ne sont pas, en ce cas, des arguments recevables. Voilà 11 ans que ces éléphantes sont au contact des soigneurs et à proximité du public lyonnais et cela ne posait pas de problème. Le Dr David Gomis déclare d’ailleurs qu’il n’y a pas de risque pour le public, ses seuls arguments en faveur de l’euthanasie étant le coût des soins et la difficulté à les prodiguer.

Les bacilles de la tuberculose ont été transmis par l’homme à l’éléphant. A ce jour, aucune étude ne révèle l’existence de la tuberculose chez l’éléphant en milieu naturel. De nombreux cas d’éléphants malades ou simplement porteurs de la tuberculose sont recensés de part le monde (lire encadré).

Comme nous pouvons le constater au travers de ces exemples, la maladie est incontestablement transmissible homme/éléphant, éléphant/homme. Mais il faut noter que dans la majeure partie des cas, les pays privilégient les soins à l’euthanasie, tout en prenant des dispositions de sécurité.

Ainsi l’euthanasie de Baby et Népal créerait un grave précédent ayant des conséquences pour tous les cirques et zoos de France voir d’Europe. En effet, si des éléphants seulement porteurs latents représentent un tel danger, conduisant à devoir les euthanasier, alors les pouvoirs publics devraient prendre leurs responsabilités et rendre obligatoire le dépistage et l’euthanasie de tous les éléphants testés positifs à la tuberculose sur le territoire français. D’après des recensements de 2006, il y aurait 26 éléphants asiatiques et 19 éléphants d’Afrique présents en France. Les scientifiques estiment à 12 % le nombre d’éléphants porteurs de la maladie en Europe.

Cirque Médrano, enfants sur un éléphantLa France ne pourra pas faire l’économie d’un débat sur ce sujet, autant d’un point de vue sanitaire qu’éthique, et devra statuer sur le devenir des animaux porteurs. Ces animaux peuvent-ils être présentés au public ? Certains directeurs de cirque arguent que le public n’est pas au contact direct avec les éléphants et ne risque rien. Mais la réalité est plus inquiétante, par exemple lorsque un cirque fait monter des enfants sur le dos d’éléphants sans savoir si ces animaux sont sains ou porteurs de la tuberculose.

La responsabilité du cirque mais aussi des pouvoirs publics est lourdement engagés dans ce genre de pratique illégale et dangereuse, surtout lorsqu’il s’agit d’un public si vulnérable.

En conclusion, l’association Code animal déclare que les hommes ont une dette immense envers ces éléphantes. Baby et Népal ont été capturées de force dans la nature et contaminées à la tuberculose par eux. Elles l’ont servi dans son travail, pour son divertissement et dans sa soif de connaissance de la nature. Et, même si elles ne sont plus aptes pour des programmes de reproduction, le coût et la difficulté des soins pour Baby et Népal ne sont rien en rapport de ce qu'elles ont apporté aux êtres humains, tant financièrement que moralement. Rappelons que ces éléphantes sont d’origine asiatique (Elephas maximus) et sont donc une espèce protégée, classés en Annexe I de la convention de Washington (CITES) depuis 1975 et déclarée espèce en danger d’extinction selon l’IUCN (International Union for the Conservation of Nature) depuis 1996.

C’est pourquoi l’association Code animal soutient cette guérison, et prie instamment les autorités de la Municipalité Lyonnaise et les représentants du cirque Pinder, d'offrir à ce animaux des conditions de vie plus en adéquation avec leurs besoins élémentaires. L’association Code Animal est prête à s'associer financièrement via une levée de fond en faveur d'un traitement et, à l'issue de ce traitement, à aider à trouver un placement décent pour ces animaux.

Bibliographie
Etude de la tuberculose chez l’éléphant : importance en parc zoologique. Dr Pauline DELNATTE
Conseil municipal de Lyon - Délibération N° 994382 - Séance du 20/09/1999
Conseil municipal de Lyon - Convention entre la ville de Lyon et le cirque Pinder pour la garde de deux éléphantes - Délibérations N°5987 - Lyon - 23/10/2000-12/12/2000
D'autres cas de tuberculose chez les éléphants dans le monde

Transmission de l’homme à l’éléphant

Août 2010. INDE.
Le département des forêts du Tamil Nadu a demandé aux gardiens de plusieurs temples hindous de ne plus obliger leurs éléphants à "bénir" les fidèles, Près de 50 éléphants sont gardés dans des temples dans cet Etat du sud, et servent en effet à bénir les centaines de pèlerins hindous qui s'y rendent chaque jour, en posant leur trompe sur la tête de ces derniers. Ce contact quotidien a augmenté le risque de contracter des maladies, dont la tuberculose. Quatre "éléphants de temple" sont morts de tuberculose ces dernières années.

Transmission de l’éléphant à l’homme

Février 2011. U.S.A.
Au sanctuaire du Tennessee, créé en 1995 et qui abrite 14 éléphants d'Afrique et d'Asie, Liz, une éléphante de 54 ans porteuse de la tuberculose, a contaminé 8 personnes, dont trois qui n’étaient pas en contact direct avec elle. Les bacilles de la maladie se trouvent dans les secrétions et les selles de l’animal et c’est l’utilisation d’un jet d’eau à haute pression utiliser pour le nettoyage qui a créé un effet aérosol, propice à la propagation des germes, au-delà de la seule zone de nettoyage. Les employés ont reçu un traitement préventif à la tuberculose. Liz est en quarantaine et suit un traitement pour soigner la maladie. Depuis la contamination, les travailleurs du sanctuaire portent des vêtements de protection plus élaboré et nettoient les bâtiments à jet d’eau de faible pression.

Traitement de la maladie

Mai 2010. NEPAL/U.S.A.
Depuis 2007, L'éléphant Care International, une ONG américaine, a lancé au Népal une campagne de soins et un programme de surveillance de la tuberculose, conjointement avec le WWF-Népal et des vétérinaires népalais. 230 éléphants domestiques ont été recensés et 190 ont été retenus pour les tests à la tuberculose. 29 d'entre eux ont été confirmé positifs. 22 éléphants ont été traités ou sont en cours de traitement. Le Népal est considéré comme un pays modèle dans la lutte contre la tuberculose éléphant.

Avril 2011. U.S.A.
Au zoo de Saint-Louis, l’éléphante Donna, âgée de 40 ans, porteuse de la tuberculose est traitée par antibiotiques dans une zone de quarantaine. Donna suit docilement son traitement et les responsables du zoo disent avoir bon espoir d’un rétablissement complet.

Présentation au public

Février 2011 – AUSTRALIE.
Au Sydney Taronga Zoo, l'éléphante d'Asie, Pak Boon, a été diagnostiqué positive à la tuberculose. Il y a trois mois, Pak Boon a donné naissance à une petite femelle nommée Tuka. Le bébé a été testé négatif pour la tuberculose, ainsi que les sept autres éléphants du zoo. Pak Boon n'a pas été mise en quarantaine et est toujours en présentation au public.

Avril 2011 - U.S.A.
Karen, un éléphant d'Asie de 42 ans appartenant au Ringling Bros & Barnum a été testé positive à la tuberculose. Malgré les inquiétudes des associations de défense des animaux, les autorités de l’Etat du Maryland ont autorisé l’éléphante à être produite devant le public.

Publié le: 
26/04/2011