Cirques avec animaux : la caution morale du ministère de la Culture ?

La signature par Audrey Azoulay d’une charte visant à protéger le patrimoine culturel des gens du voyage est présentée comme une victoire par les cirques avec animaux. Pourtant, aucune mention des animaux ni de définition des arts du cirque n'y figurent.
Tigres La Piste d'or
Des tigres en cage, au cirque La Piste d'or, en novembre 2015

Défendre le patrimoine des gens du voyage et condamner les discriminations dont ils sont victimes implique-t-il de cautionner la souffrance des animaux captifs des cirques ? Une question sur laquelle la ministre de la Culture ne se prononce toujours pas, malgré la charte qu’elle vient de signer avec neuf associations représentant les gens du voyage.

Résumons. Le 22 septembre dernier, Audrey Azoulay paraphait la « Charte d’objectifs Culture Gens du voyage et Tsiganes de France ». Présenté comme l’aboutissement d’un « travail de concertation visant à faire connaître la culture des gens du voyage », ce document entérine et renforce le « rôle stratégique » du ministère dans la mise en œuvre d’une dizaine d’objectifs prioritaires, dont :

  • la valorisation et la protection des « arts forains et circassiens »,
  • de « leurs patrimoines culturels, matériels comme immatériels »,
  • la reconnaissance de leur « création artistique (…) comme expression pleine et entière de la création contemporaine ».

Souffrance, accidents et tradition

Parmi les signataires de la charte figure l’Association de défense des cirques de famille. Une association qui a récemment organisé une manifestation à Paris, place de la Bastille, contre le « racisme anti-cirque », et qui n’hésite pas à avoir recours à la diffamation, voire à la menace, à l’encontre des mouvements de défense animale. Une association pourtant reçue et écoutée, semble-t-il, rue de Valois.

Le respect de la vie ne se limite pas à une communauté ou à une espèce. Code animal, qui a, à plusieurs reprises, condamné les propos racistes tenus à l’égard des gens du cirque, souhaiterait soutenir cette charte. Mais à condition qu’elle ne fasse pas office de caution morale à l’exploitation des animaux dans les cirques.

Alors qu’ils souffrent chaque jour de conditions de vie inadaptées à leurs besoins physiologiques, que des accidents les impliquant continuent régulièrement de se produire, que de nombreux pays et de plus en plus de communes françaises prennent officiellement position contre cette tradition d’un autre âge, nous avons demandé à la ministre, pour la seconde fois*, de refuser de cautionner l’utilisation d’animaux dans les cirques. Notre pétition « L’exploitation animale n’est pas mon patrimoine » a ainsi reçu le soutien de plus de 21 000 personnes. Nos courriers, eux, sont à ce jour restés sans réponse.

* En avril 2016, suite à notre demande, la député Laurence Abeille (Val-de-Marne, Groupe écologiste) a posé une question écrite à la ministre de la Culture sur le projet d’inscription des cirques au patrimoine culturel.

Publié le: 
30/09/2016