L’éléphante Anne est sauvée

La vidéo montrant les maltraitances que subissait l’éléphante Anne du cirque anglais Bobby Roberts Circus Super a suscité une vive émotion dans tout le Royaume-Uni et au-delà de ses frontières. Devant le tollé général, les propriétaires Bobby et Moira Roberts n’ont eu d’autres choix que de libérer l’éléphante, ce qu’ils avaient toujours refusé de faire jusque là.

Anne a été transférée au Longleat Safari Park (équivalent anglais du parc de Thoiry) dans le Wiltshire le dimanche 03 avril. Son départ vers le parc s’est effectué après concertation des autorités, des associations de défense des animaux et avec l’accord des vétérinaires (Anne souffre d’arthrite sévère). Le voyage s’est fait sous la surveillance d’un vétérinaire, d’un spécialiste des éléphants et d’une escorte policière.

Jonathan Cracknell, directeur à Longleat a déclaré: «Anne a été absolument parfaite durant le voyage.  Elle est maintenant bien installée et se montre très curieuse, elle explore déjà sa nouvelle maison. Son état s’améliore,  elle répond bien à son traitement pour soulager ses douleurs et elle peut déjà marcher beaucoup mieux qu’avant. Au parc de Longleat trois gardiens expérimentés,  fourniront des soins spécialisés et beaucoup d’attention à Anne, veillant à ce que ses besoins soient satisfaits.

Elle va maintenant vivre dans un espace d’environ 5 hectares, en ayant pour voisins un groupe de rhinocéros. Elle dispose d’installations convenables et la direction du parc envisage de les moderniser pour elle. Anne aura des promenades quotidiennes, autant que son arthrite puisse le lui permettre.  Elle pourra jouer dans de l’eau et avoir des bains de boue. Peut-être  pourra-t-elle un jour rejoindre un nouveau groupe d’éléphants.

Pour Anne c’est une nouvelle naissance.  Sa vie n’a été qu’un long et terrible esclavage. Née au Sri Lanka dans les années 1950, elle a été piégée par des chasseurs en 1954. Bien que le mystère entoure les circonstances de sa capture, la pratique normale était d’abattre toutes les femelles adultes dans un troupeau, puis de piéger les petits regroupés autour des mères mourantes.

Du Sri Lanka, Anne est partie pour l’Angleterre, achetée pour 3000 Livres par le Bobby Roberts Circus Super en 1957. Elle a passé toutes ces années à effectuer des numéros humiliants, comme de se mettre sur ses pattes arrières (probable cause de son arthrite) ou utilisée comme une plate-forme pour les clowns et les danseurs. Hors saison, elle a passé la majeure partie de sa vie enchaînée avec des chaînes en fer. Depuis qu’elle était trop vieille et malade pour faire des numéros, le cirque l’exploitait tout de même en faisant payer le public pour être pris en photo avec elle.

La libération d’Anne a été accueillie avec joie par Robert Sheret, son ancien soigneur qui avait tenté d’arrêter les mauvais traitements qu’elle subissait alors qu’il travaillait pour le cirque entre 1983 et 1985.  Il a déclaré « Quand je me suis plaint  à Bobby Roberts qu’Anne et les autres éléphants étaient battus (les éléphants du cirque, Beverly et Janie, sont morts en 2001 dans des circonstances qui n’ont jamais été expliquées de façon satisfaisante par M. Roberts) et n’avaient pas assez d’exercice et de nourriture, Bobby Roberts m’a dit:« Je vous paie pour travailler et pas pour penser » et Il a ajouté : « Ce sont mes éléphants et je peux en faire ce que je veux. » Après deux ans dans ce cirque je n’en pouvais plus et je suis parti.« 

Depuis que la vidéo a dévoilé la réalité de la vie des animaux du Bobby Roberts Circus Super, le cirque est pratiquement en faillite, ses engagements sont annulés de toutes parts. Des groupes de boycott se sont ouverts sur Facebook et des manifestations ont eu lieu devant son chapiteau. L’association Animal Defenders International envisage également de porter plainte contre lui en vertu des lois de protection des animaux.

Enfin, une délégation constituée d’hommes politiques, de l’acteur Brian Blessed et d’une représentante de l’A.D.I. est venue la semaine dernière, devant le 10 Downing street  pour demander au gouvernement de David Cameron de statuer définitivement sur le sort des animaux de cirque. La décision est attendue dans les jours qui viennent. Si l’Angleterre interdit l’utilisation d’animaux dans les cirques, elle rejoindra la liste des pays - tout dernièrement la Grèce - qui  tournent définitivement le dos à ces spectacles du siècle dernier aux relents coloniaux et s’ouvrent aux joies du cirque du 21eme siècle, celui pour qui plaisir des hommes ne riment pas avec esclavage des animaux.

Publié le: 
05/04/2011