Débat

Le cirque nous écrit

Coup de gueule d'un circophile, réponse point par point par Code animal.

Un circophile « en appelle à une contre offensive sur le web, par la publication de textes expliquant la vérité sur les conditions de vie des animaux au cirque » et ce sur la base des réponses de plusieurs professionnels de l'éducation animale et du cirque. Nous nous réjouissons qu'un débat s'ouvre enfin, même si nous regrettons que les circophiles refusent de débattre autour d'une table ronde avec nous. Néanmoins examinons leurs arguments.

"Les procès verbaux relevant des infractions relatives à des traitements dégradants ou inhumains vis à vis des animaux sont rarissimes. Le plus souvent, le cirque contrôlé n'est pas en mesure de fournir tous les documents: C'est le cas pour 99% des infractions relevées. "

Les nombreux procès verbaux sont effectivement établis pour défaut de certificat de capacité, ce qui signifie qu'aucune personne dans le cirque n'a été reconnu apte à s'occuper de l'espèce concernée. Dès lors, le « bien-être » de l'animal est compromis. En 1994, Gilbert Edelstein , président du syndicat national des cirques et PDG de Pinder estimait que 90% des cirques étaient dans l'illégalité... Enfin, les cas de mauvais traitement qui ont été verbalisés sont des mauvais traitements « actif s», c'est à dire visible par des coups, des cicatrices, etc.

Il est difficile pour les gardes de l'ONC ou de la DSV de verbaliser une activité qui par essence ne respecte pas les besoins physiologiques de l'animal, tout comme la DSV ne pourra pas verbaliser pour mauvais traitement un matador, alors même que le taureau agonise !

« Si l'on considère que les dresseurs aiment passionément leurs bêtes, ce qui est mon cas, et j'en connais personnellement un certain nombre, il faut bien comprendre à quel point ces lois sont absurdes puisqu'elles séparent des animaux du compagnon avec lequel elles vivent et travaillent depuis des années. Ce que les pseudos défenseurs des animaux se gardent bien de vous dire, c'est que lorsqu'aucun zoo ne peut prendre en compte les animaux confisqués, ceux-ci sont tout simplement euthanasiés... »

Effectivement, c'est un argument qui vise à pérenniser l'activité en avançant comme une évidence que le dresseur est le compagnon de l'animal dressé. Il paraît dès lors très étrange que les fauves ne manquent pas une occasion pour sauter sur leur dompteur à la première occasion comme en attestent les multiples accidents ...

Quant aux animaux confisqués à la demande des associations de défense animale, ils sont systématiquement replacés, sinon il n'y a pas de saisie, notre but étant bien d'offrir des conditions de vie « moins pires » pour l'animal et non de les faire euthanasier.

« Ma passion des animaux m'a amené à me pencher sur les règlementations en vigueur, et tous les pays du monde respectent auourd'hui une convention mondiale relative à la sauvegarde des espèces protégées dite "Convention de Washington". Ce texte, respecté y compris ici, dans l'un des pays les plus corrompus du monde, garantit qu'aucune espèce détenue aujourd'hui dans un cirque ou un zoo n'a été prélevée dans son milieu naturel ».

Il existe effectivement une réglementation internationale qui réglemente le commerce international des espèces. Mais cela n'a pas empêché certains prélèvements dans le milieu naturel, comme l'éléphante Samba qui provient du Kenya ou de Betty qui a été prélevée dans les années 80 au Zimbabwe...(tout comme Tatcha qui est morte suite à des problèmes cardiaques). De même dans les années 90, le cirque Arlette Grüss, aurait importé illégalement 3 éléphants d'Inde en provenance de Russie, une dizaine de panthères et plusieurs perroquets qui auraient participé au spectacle malgré l'avis défavorable du ministère de l'environnement...

« Toutes les études scientifiques le prouvent: aucun animal né en captivité de parents eux même nés en captivité ne peut survivre plus de quelques jours dans ce milieu. Aussi, si je pouvais comprendre la révolte des associations quand les animaux présentés avaient été enlevés à leurs parents, enlevés de leur terre natale, je la trouve aujourd'hui malsaine et déplacée. Tous les animaux de tous les cirques et de tous les zoos sont nés en captivité. Je ne trouve pas triste de voir un animal en cage, dès lors qu'il n'a jamais connu la liberté, et que celle-ci serait synonyme de mort pour lui. »

Malheureusement, ceci est vrai, nous ne pouvons remettre dans la nature des animaux nés en captivité (ou très difficilement pour certaines espèces). Comme nous l'avons illustré ci-dessus, il est faux (ou naïf) d'affirmer que tous les animaux sont nés en captivité.

Enfin, il faut savoir qu'un animal né en captivité, « qui n'a jamais connu la liberté », n'en est pas moins un animal qui a besoin d'un territoire, d'un groupe social, d'une nourriture spécifique... Le patrimoine génétique et les besoins fondamentaux de l'animal né en captivité ne se modifient pas parce qu'il est en cage !

« Les gens du cirque sont considérés par leurs détracteurs comme des gens du voyage, pas comme des professionnels exerçant dignement un métier extraordinairement difficle, pour semer des étoiles dans les yeux des enfants, sur tout notre territoire. Autrefois, ils les auraient qualifiés de "voleurs de poules", aujourd'hui, ils ont modernisé leur rejet de l'autre en les traitant de "bourreaux d'animaux"...Tout cela renvoie à une idéologie profondément nauséabonde, faite d'ostracisme, d'amalgame et de discimination ».

A aucun moment, nous n'accepterions la moindre discrimination (et c'est bien contre cela que nous nous insurgeons), qu'elle soit vis-à-vis d'une profession, d'une race, d'un sexe ou d'une espèce. Il est clair, et nous le répétons, nous préférons de loin l'univers du cirque et son itinérance aux multinationales aseptisées.

"L'une de ces associations porte le nom de "code animal pour 'abolition de l'esclavage animal"...Pour moi qui vit en Afrique, qui ait épousé ce continent et l'une des princesses qui le peuple, le simple fait de ramener les conditions de détention des animaux dans les cirque à ce crime contre l'humanité est une abomination. Ce qui est terrible, dans tout cela, c'est que la cause animale défend parfois de justes combats: contre la vivisection, la vente de fourrures, la corrida...mais les fanatiques qui s'en prennent à tort au monde du cirque font peser sur ces associations la tâche indélébile du racisme, du mensonge et de la stupidité. Cela les décrédibilise pour tous leurs autres combats. Et c'est vraiment dommage. »

Le site de code animal a été crée sur la base du texte « Le cirque : un esclavage moderne » de Dick Grégory (qui a travaillé avec Martin Luther King) et qui affirme : « Lorsque je regarde des animaux tenus captifs dans les cirques, cela me fait penser à l'esclavage. Les animaux dans les cirques représentent la domination et l'oppression que nous avons combattues pendant si longtemps. Ils portent les mêmes chaînes et les mêmes fers. »

Nous estimons pour notre part que le traitement de l'animal dans les cirques correspond pleinement à la définition de l'esclavage. On y retrouve les mêmes méthodes et outils de coercition, les mêmes restrictions à la liberté, seuls les victimes diffèrent. Il n'y a dès lors aucun mépris vis-à-vis des crimes passés, mais bien au contraire une continuation du combat des anti-esclavagistes des siècles précédents pour qu'un jour plus aucun individu, animal ou humain, ne soit victime de la domination d'un autre.

« Rien n'est plus efficace contre le mensonge et la diffamation que la vérité. Je crois également au caractère dissuasif des condamnations de justice. Il faut ATTAQUER les menteurs devant les tribunaux et leur faire payer cher leur propagande mensongère. Le problème, c'est que le monde du cirque n'a ps toujours les moyens de se défendre et de faire des procès...parmi les autres préoccupations, il y a le bien être de leurs animaux. »

Quel mensonge, quelle diffamation ? Les attaques devant les tribunaux ne nous impressionnent pas, tout comme les différentes menaces que nous avons reçus. Nous préférons la force des arguments et des exemples qui les illustrent aux pressions exercées qui sont à l'image du traitement pesant que l'on inflige à l'animal.

"Je pense, même si cela représente un coût, que les cirques devraient MONTRER leurs animaux, c'est à dire ouvrir gratuitement leurs ménageries au public afin que celui-ci soit seul juge des mensonges diffusés par les pseudos défenseurs de la cause animale. Enfin, disons le clairement, il faut AMELIORER encore le confort des animaux artistes...vous constaterez d'ailleurs que les fauves de tous les grands cirques de notre pays bénéficient dès leur arrivée dans une nouvelle ville d'une cage d'aisance, et qu'en règle générale, les chevaux et les éléphants ne sont pas confinés dans leurs camions."

C'est ce que nous faisons sur Code animal, nous montrons au travers de simples photos sans trucage, sans artifice, la réalité de ces animaux enfermés à vie. Et comme nos photos le montrent, nous ne voyons que barreaux, cages, chaînes et numéros contre-nature. Bien entendu, nous accueillons positivement cet appel à l'amélioration du "confort" des animaux (qui reconnaît en soit que de nombreuses améliorations restent à faire), même si nous restons persuadés que cela ne pourra suffire du fait de la complexité de la biologie des espèces représentées dans les cirques.

« Tant qu'il y aura des enfants, le cirque vivra. Le cirque, c'est l'univers du magique et du merveilleux. Un cirque sans animaux, fut il exeptionnel comme le cirque du soleil, ce n'est pas un cirque.

Si on laisse faire les briseurs de rêve, tous ces animaux que le cirque déplace de villes en villages dans les moindres recoins de l'hexagone, ne seraient plus que des images, mélangées à la bouillie télévisuelle habituelle...je necrois pas que ça serait rendre service à mes amies les bêtes...Nos enfants, vos enfants, méritent mieux que ça...et les animaux aussi ! "

Nous pensons précisément, que c'est parce qu'il y a des enfants, et des enfants qui ont de plus en plus conscience de la sensibilité animale et de la fragilité de notre monde, que le cirque vivra mais sans animaux. Le cirque est né sans animaux sauvages, et ce serait dévaloriser les arts du cirque que de croire que ces arts (clown, équilibrisme, jonglerie, contorsion, numéros aériens...) ne peuvent se passer de « l'animal-esclave » pour faire la beauté du spectacle.

Cet argumentaire semble s'appuyer principalement sur le fait qu'il existe une législation, mais si tout système doit rester en l'état sous prétexte qu'il est réglementé, de nombreuses pages sombres de notre histoire ne seraient pas encore tournées...

Les animaux dans les cirques souffrent : démonstration.