De l'eau pour les éléphants : d'une révolution à l'autre

Quel est le rapport entre le film “de l’eau pour les éléphants ” et les révolutions arabes ou encore l’exécution de Ben Laden ? L’actualité mais pas seulement.
De l'eau pour les éléphants - éléphante Mary

Le film "De l’eau pour les éléphants", avec le beau Robert Pattinson et la belle Reese Witherspoon, nous présente sous fond de romance, l’histoire d’une éléphante Rosie. Celle-ci est maltraitée, malmenée… comme tant d’autres éléphants de cirque dans le monde. Et à quoi aspire, un animal maltraité, tout comme un peuple maltraité ? A fuir son tyran et à trouver la liberté !

Alors bien entendu, les révolutions des éléphants sont plus difficile à faire que la révolution des peuples… Ils se défendent comme ils peuvent. Ils chargent leur dresseur, et tous les spectateurs sur leur passage, comme l’ont fait en 1964, les éléphants du cirque Amar à Béziers.

Le problème pour les éléphants, est que les sociétés humaines, à quelques exceptions prêts, ne sont pas très coopératives. Elles ont du mal à soutenir cette révolution de pachydermes, qui comme tout être vivant, attaché à une chaîne, n’a pour ambition que de s’en libérer. Comme le dit le poète Benjamin Zephaniah “La vie des animaux est aussi importante pour eux que notre propre vie l’est pour nous mêmes“.

Aussi, plutôt que de soutenir cette révolte légitime des éléphants, les humains ont tendance à les condamner et à passer au mode exécution… l’empathie inter-espèce n’est pas le fort de l’espèce humaine. L’histoire des éléphants dans les cirques est jonchée de ces exécutions sans autre forme de procès.

  • En 1903, Topsy se rebelle pour la énième fois, causant la mort de ses geôliers. Son châtiment sera mis en oeuvre par Thomas Edison par électrocution. L’exécution de Topsy sera filmée en présence de 1500 personnes…
  • En 1907, Punch, un éléphant du cirque Pinder est fusillé par l’armée, alors qu’il a un accès de violence.
  • En 1916, Mary, une éléphante détenue par le Sparks Brothers Circus aux Etats Unis, est condamnée à mort …. par pendaison, après avoir piétiné un apprenti palfrenier qui l’aurait malmené.
  • En 1992, l’éléphante Janet a décidé “de ne plus être un éléphant de cirque“. Elle finira abattue par 56 balles…
  • En 1994, c’est au tour de l’éléphant Tyke, de mettre fin à son esclavage. Sa courte liberté finira sous le coup de 85 projectiles.

Le point commun de tout ces éléphants, est qu’ils ont été capturés dans la nature, comme la majorité des éléphants détenus aujourd’hui dans les cirques. Leurs refus de se soumettre à une autorité tyrannique, n’a pas été accompagné des soutiens de démocrates, mais d’une exécution sans appel.

Face à ces actualités croisées, dans lesquelles, on ne peut constater qu’une politique du “2 poids 2 mesures”, selon que l’on soit humains ou pas, cet extrait de l’allocution de Claude Levi-Strauss devant l’UNESCO en 1971 prend toute sa valeur : ” les problèmes posés par la lutte contre les préjugés raciaux reflètent à l’échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente ; celui des rapports entre l’homme et les autres espèces vivantes, et il ne servirait à rien de prétendre le résoudre sur le premier plan si on ne s’attaquait aussi à lui sur l’autre, tant il est vrai que le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses pareils n’est qu’un cas particulier du respect qu’il devrait ressentir pour toute forme de vie.”

Publié le: 
05/05/2011