Attention traversée d'animaux sauvages…

Hippopotame détenu dans un cirque

C’est à proximité de Schwerin (Nord de l’Allemagne) qu’un automobiliste a croisé mi-octobre 2011, à un carrefour très fréquenté de la route 106, Jedi, un hippopotame de 2,5 tonnes. L’animal profitant d’une maladresse d’un soigneur, a poussé la barrière de son enclos pour aller brouter de l’herbe plus fraîche… Il était 23h30 au cirque Voyage.

Ces évasions d’hippopotames ne sont pas rares, bien que cet animal soit considéré comme l’animal le plus dangereux d’Afrique. En 2004, un hippopotame avait fuit un cirque à Houdan en plongeant dans la rivière locale, la Vesgre et en janvier 2010, c’est Nikica, une hippopotame détenue dans un zoo du Montenegro qui avait profité d’inondation pour filer …

S’évader signifie “s’échapper d’un endroit” ou encore “ se soustraire volontairement à des contraintes”. On ne s’échappe pas du paradis ou d’un endroit dans lequel on se sent bien.

Notons que ce n’est pas l’animal qui a décidé de vivre entre des cloisons artificielles. Chez les humains, le fait de contraindre un individu à vivre enfermé s’apparente à un emprisonnement ou encore à de l’esclavage lorsqu’il est contraint de travailler. Pourquoi dès lors que la victime est un animal, qui pourtant peut partager plus de 99 % du code génétique avec l’être humain, cette mise en captivité s’apparenterait-elle à un bienfait artistique, culturel ou encore pédagogique ? D’autant que cet animal n’élaborera probablement pas tout un scénario d’espérance visant à une libération prochaine. L’hippopotame enfermé dans un camion, sans accès à une eau suffisante, et loin de toute vie en groupe (c’est un animal grégaire), vivra son expérience comme une souffrance au même titre qu’un être humain privé de sa liberté.

La réaction l’animal face à une barrière ouverte peut-être double : ou il reste prostré dans sa cage, souvent la seule qu’il ait connue, c’est une réaction que l’on appelle “le syndrôme de Stockholm” ou il tente de s’échapper afin de se réfugier dans un milieu qui lui est moins hostile : un fleuve, un pré, un arbre…

Croire que l’animal vivant dans une cage de cirque par exemple, puisse vivre son expérience comme celle d’un artiste, c’est considéré que l’animal a une conception de l’art, a postulé pour participer à cet art, et est prêt à se priver de besoins élémentaires telles que la construction d’un groupe social ou le besoin de se baigner (hippopotames, éléphants ou tigres…). “L’Association Animaux Artistes” a ainsi tenté de poser l’animal en acteur des arts du cirque, alors qu’il n’est est qu’une victime. La grande majorité des éléphants présentés dans les cirques ont été capturés dans la nature au prix de massacre de leurs congénères et les autres animaux sont nés derrières les barreaux sans jamais pouvoir exprimer leurs comportements primaires, ancrés en eux?

Chaque évasion révèle que ces besoins primaires sont encore présents dans le code génétique de chaque animal, même né en captivité, l’hippopotame de Houdan plonge dans une rivière, lui qui n’en a jamais connue, Philibert, le macaque du cirque Muller s’enfuit dans les arbres, lui qui n’a connu que des chaînes ou encore les chameaux du cirque Royal en Suisse défoncent leur enclos pour partir brouter une herbe plus fraîche…

Jedi, l’hippopotame du cirque Voyage a été reconduit dans le cirque dans la nuit, sans qu’aucun accident ne soit à déploré, contrairement à cet éléphant du cirque Family Fun qui a percuté une voiture aux Etats-Unis en 2009 ou à Hildra, une éléphante d’un cirque Mexicain qui a percuté un autocar en 2008, provoquant la mort du chauffeur et sa propre fin…

Le seul espoir de ces animaux captifs perdus dans nos jungles urbaines, est que nous cessions de soutenir leur exploitation en renonçant à aller dans ces lieux qui les enferment.

Publié le: 
02/11/2011